Arch Linux est une distribution légère et flexible qui essaie de rester la plus simple possible.
C’est la définition donnée par le site web de Arch Linux. Mais pourquoi est-ce que je parle tout à coup d’Arch Linux ? Cela fait plusieurs mois que je manifeste mon mécontentement sur la façon dont évolue Ubuntu. J’ai dès lors décidé de tester autre chose. Je me suis d’abord tourné vers Debian en installant une Sid mais même avec cette version de Debian, les logiciels ne sont pas très à jour. Par exemple, au moment où j’écris ceci, on ne trouve dans Sid que Gnome 3.0 et encore, il n’est pas complet. Ensuite, je me suis tourné vers Arch Linux que je voulais essayé depuis longtemps et j’ai été complètement conquis.
A l’instar d’Ubuntu, Arch Linux propose aussi très rapidement les nouvelles versions des logiciels. Elle dispose aussi d’une communauté de passionnés très active. Le seul inconvénient peut-être, mais qui n’en est pas un pour moi, est qu’il faut jouer de la ligne de commande. Pas d’installeur graphique ni de logithèque. Mais le résultat est effectivement une distribution légère et flexible.
Comme l’installation d’une Arch Linux est (beaucoup ?) plus compliquée qu’une Ubuntu, je vais la détailler ici de façon à ce que, s’il vous en venait l’idée, vous puissiez l’installer sans trop de difficultés.
La première chose à faire outre télécharger l’image iso de la distribution est de se rendre sur le wiki et de lire les différents tutoriels.
Installation d’Arch Linux
Je suppose que vous avez déjà télécharger l’image iso et que vous l’avez gravée sur un CD ou sur une clef USB. Rebootez et vous verrez apparaître l’écran ci-dessous:

Choisissez Boot Arch Linux. Le système de base va se charger et s’arrêter sur un prompt.
La toute première chose à faire est de configuré votre clavier parce que, par défaut, c’est forcément un clavier Qwerty qui est proposé. Pour cela, lancez l’utilitaire km en tapant tout simplement km à l’invite de commande:

Une fenêtre va s’ouvrir vous invitant à entrer le type de clavier que vous utilisez. Dans mon cas, par exemple, j’ai choisi le clavier belge be-latin1. Pour un clavier français, je suppose que fr-latin1 fera l’affaire:

Vous pouvez skipper l’étape de choix de la police de caractères en console comme sur l’image ci-dessous:

Une fois que cette étape est franchie, vous revenez au prompt et vous devez, vous-même, manuellement lancer la procédure d’installation et de configuration d’Arch Linux. Cela se fait simplement en tapant à l’invite de commande la commande suivante:
[root@archiso ~]# /arch/setup
La fenêtre suivante s’ouvre présentant les différents stades de l’installation à effectuer dans l’ordre.

1 Select source
Choisissez le point 1 et puis faites OK.

Cette fenêtre vous demande quel dépôt utiliser pour l’installation. Laissez core-local sélectionné (la sélection se fait avec la barre d’espace) et ne sélectionnez rien d’autre.
2 Set editor
Cette fois, vous devez choisir l’éditeur de texte que vous allez utiliser pour modifier les fichiers de configuration.

Vous avez le choix entre nano et vi.

En ce qui me concerne, le choix est vite fait. J’ai opté pour nano qui est très simple d’utilisation. Choisissez vi si vous le connaissez bien sinon suivez mon conseil et choisissez plutôt nano.
3 Set clock
Vous allez maintenant paramètrer l’horloge.

Il vous sera demandé dans quelle région du globe vous vous trouvez et dans quel fuseau horaire.

Une fois que vous aurez répondu aux différentes questions, revenez au menu principal en choisissant Return to main menu.
4 Prepare hard drive(s)
C’est ici que vous allez partitionner votre disque dur.

Différents choix vous sont proposés quant au partitionnement. Il y a un mode auto dans lequel le disque entier est utilisé pour le partitionnement et un mode entièrement manuel.

Le principe est le suivant: vous devez d’abord partitionner votre disque et ensuite, via l’option 3, configurer le file system c’est à dire indiquer quelle partition correspond à / quelle autre à /home etc…
Petite particularité, Arch Linux en mode auto insiste pour créer un partition /boot séparée et en mode manuel, il émet un warning si la partition /boot n’est pas créée. Cette partition n’est nullement obligatoire; vous pouvez très bien vous en passez.
Il y a aussi une option de Rollback dans le menu qui permet si vous vous êtes trompé de revenir en arrière. Lorsque vous êtes satisfait de votre partitionnement, retournez au menu principal.
Ce seul point mériterait un article à lui tout seul et ce n’est pas le but de celui-ci. Je vous renvoie donc vers le wiki si vous ne savez pas ce qu’est un partitionnement.
5 Select packages
C’est ici que vous sélectionnez les paquets à installer. Rassurez-vous, vous ne devrez pas cocher chaque paquet; on va faire plus simple.

La première chose qui vous est demandée est de choisir le bootloader. Choisissez grub.

La fenêtre suivante vous demande de choisir les groupes de paquets que vous désirez. Sélectionnez, avec la barre d’espace, à la fois le groupe base et base-devel.

La fenêtre suivante détaille les paquets séparément. Faites OK sans toucher à rien.

Si vous sélectionnez certains paquets quand même, faites attention aux dépendances. Si celles-ci ne sont pas remplies, vous aurez des erreurs à l’installation des paquets. Autrement dit, suivez mon conseil et ne sélectionnez rien de plus que ce qui l’est déjà dans la liste.
6 Install packages
Cette option du menu lance l’installation effective des paquets.

Lorsque l’installtion des paquets est terminée, il indique Installation complete et vous invite à continuer:

Ceci nous ramène au menu principal.
7 Configure system
Dans cette partie-ci, vous serez amené à configurer votre système c’est à dire modifier les fichiers de configuration au moyen de l’éditeur choisi au point 2 ci-dessus.

La fenêtre qui s’ouvre indique les différents fichiers à modifier.

Rassurez-vous il n’y a rien de bien compliqué.
Voici le détail de ce qu’il faut modifier fichier par fichier. Certains ne doivent pas être modifiés; dans ce cas, je n’en parle pas:
- /etc/rc.conf
Dans LOCALIZATION, modifiez la ligne commençant par LOCALE= pour y mettre votre locale. Dans mon cas, j’y ai mis:
LOCALE="fr_BE.UTF-8"
En France on mettrait fr_FR.UTF-8.
Dans NETWORKING mettez le nom de votre machine à la place de « myhost »:
HOSTNAME="le_nom_de_votre_PC"
Ensuite ajoutez juste eth0 sur la ligne commençant par interface:
interface=eth0
Si vous avez choisi nano comme éditeur, tapez sur ctrl+X pour quitter l’éditeur et répondez Y à la demande de sauvegarde du fichier.
- /etc/locale.gen
Descendez votre curseur de façon à décommentez (enlever le # en début de ligne) les lignes correspondant à vos locales. Pour moi, il s’agit des lignes contenant fr_BE.UTF-8 UTF-8, fr_BE ISO-8859-1 et fr_BE@euro ISO-8859-15.
- /etc/pacman.conf
pacman est l’outil qui à l’instar d’apt-get pour Ubuntu/Debian permet de télécharger et d’installer des paquets en tenant compte des dépendances. Dans ce fichiers, on configure les dépôts. Il faut juste ajouter en toute fin du fichier le dépôt archlinuxfr en tapant ces deux lignes:
[archlinuxfr]
Server = http://repo.archlinux.fr/$arch
- /etc/pacman.d/mirrorlist
Ici aussi il faut décommenter la ligne avec le dépôt que l’on veut utiliser. Je vous conseille de décommenter seulement la ligne contenant le dépôt archlinuxfr dans la zone ## France.
- Root-password
Tapez le mot de passe root, confirmez puis choisissez Done dans le menu pour revenir au menu principal.
8 Install bootloader
Installation du bootloader.

Le fichier de configuration de grub va vous être proposé dans l’éditeur que vous avez choisi pour vérification. N’y touchez pas à moins de savoir ce que vous faites. Choisissez ensuite le disque ou la partition sur laquelle vous voulez installer Grub.
9 Exit install
Voilà, l’installation du système de base est terminée.

Il vous reste à rebooter votre PC en tapant simplement reboot à l’invite de commande:
[root@archiso ~]# reboot
Nous allons ensuite mettre à jour le système,créer un utilisateur, installer le serveur X ainsi que Gnome-Shell.
Mise à jour du système
L’iso utilisée date du 19/08/2011; il est donc nécessaire de faire une mise à jour avant de continuer. Pour cela, vous devez bien évidemment relié votre PC à internetvia un câble ethernet. A ce stade, le wifi n’est pas configuré et donc inutilisable.
Sur le site archlinux.fr, on peut lire qu’il y a un bug et que:
Il est nécessaire de supprimer le fichier /etc/profile.d/locale.sh avant de mettre à jour.
Il suffit donc de taper ceci:
# rm /etc/profile.d/locale.sh
# pacman -Syu
# pacman -Syu
Il faut lancer deux fois la commande pacman -Syu parce que à la première, le système va seulement mettre à jour l’outil pacman. Le système lui-même ne sera mis à jour qu’à la seconde commande.
Ajour d’un utilisateur
On va ajouter un utilisateur au système et en profiter pour installer sudo. Nous allons aussi ajouter notre utilisateur au groupe sudo de façon à ne pas perdre notre bonne habitude apprise sous Ubuntu d’utiliser sudo lorsqu’on a besoin de droits d’administration:
# pacman -S sudo
# useradd -m -s /bin/bash votre_login
# passwd votre_login
# usermod -G users,wheel,audio,optical,lp,scanner,log,power,storage,video votre_login
# groupadd sudo
# usermod -aG sudo votre_login
Il faut aussi modifier le fichier /etc/sudoers de façon à ce que tous les membres du groupe sudo aient des droits d’administration. Pour cela, il suffit de décommenter la ligne contenant %sudo ALL=(ALL) ALL:
# nano /etc/sudoers
Installation du serveur X
Avant de pouvoir installer Gnome-Shell, il faut d’abord installer le serveur X:
# pacman -S xorg-server xorg-xinit xorg-utils xf86-video-vesa xf86-video-fbdev
Installons aussi quelques fontes de caractères qui nous seront utiles dans Gnome-Shell:
# pacman -S ttf-liberation ttf-bitstream-vera ttf-dejavu
Il ne faut surtout pas oublié d’installer aussi le driver pour la carte graphique. Si vous ne savez pas quelle carte graphique possède votre PC, vous pouvez le déterminer en tapant:
# lspci | grep -i vga
Dans mon cas, j’ai obtenu ceci:
00:02.0 VGA compatible controller: Intel Corporation Core Processor Integrated Graphics Controller (rev 02)
Cela signifie que mon contrôleur graphique est un Intel. Mais ça pourrait être un ATI ou un nVIDIA. A vous de le déterminer. Aidez-vous du wiki à cette page.
J’ai donc installé le driver Intel de cette manière:
# pacman -S xf86-video-intel
Il faut ajouter au fichier de configuration /etc/X11/xorg.conf.d/10-evdev.conf le type de clavier utilisé et accessoirement rétablir l’usage des touches ctrl+alt+backspace pour tuer le serveur X:
# nano /etc/X11/xorg.conf.d/10-evdev.conf
Ensuite modifiez la section InputClass correspondant à evdev keyboard catchall de façon à ce qu’elle ressemble à ceci:
Section "InputClass"
Identifier "evdev keyboard catchall"
MatchIsKeyboard "on"
MatchDevicePath "/dev/input/event*"
Driver "evdev"
Option "XkbLayout" "be"
Option "XkbOption" "terminate:ctrl_alt_bksp"
EndSection
Si c’est sur un portable que vous installé Arch Linux, il faut aussi installer le driver pour le touchpad synaptics et le configurer:
# pacman -S xf86-input-synaptics
# nano /etc/X11/xorg.conf.d/10-synaptics.conf
Modifiez le fichier en ajoutant les options suivantes dans la section correspondant au touchpad catchall:
Option "VertEdgeScroll" "on"
Option "HorizEdgeScroll" "on"
Installation de Gnome-Shell et de GDM
Maintenant que le serveur X est installé et configuré, il reste à installer Gnome-Shell et gdm:
# pacman -S gnome gdm gnome-shell-extensions gnome-tweak-tool
Quand tout est installé, rebootez le PC pour terminer l’installation. Après l’invite Grub, l’écran d’accueil de GDM devrait apparaître. Entrez votre mot de passe pour accéder à votre session Gnome-Shell.
Et maintenant…
La version de gnome installée est minimale. Vous pouvez par vous-même installer ce qu’il manque ou, solution alternative, installer le paquet gnome-extra qui installe tous les autres logiciels et outils qui font normalement partie de Gnome.
Installez aussi l’outil yaourt qui remplace avantageusement pacman et qui permet en plus l’accès au dépôt AUR sorte de Launchpad à la mode Arch linux.
Conclusion
On vient de voir qu’installer une Arch Linux n’est pas plus compliqué qu’installer une autre distribution même si cela se fait en ligne de commande. Les seules difficultés sont malheureusement les mêmes pour toutes les distributions; à savoir le partitionnement du disque dur et l’installation du driver video. Mais à voir les demandes dans les forums, ces problèmes-là sont présents même avec une Ubuntu, reconnue pourtant simple à installer.